Waynes' World (Jerry Lai / USA TODAY Sports) |
He did it again ! Habitué aux drafts futées, Rick Spielman n'a pas dérogé à la tradition. Une fois de plus, le GM des Vikings a su renforcer intelligemment une équipe toujours plus jeune et talentueuse. Et cette fois, pas besoin de coup d'éclat. Pas de trade up en fin de 1er tour pour venir subtiliser une pépite au nez à la barbe de franchises qui pensaient pouvoir attendre pépère que leur joueur fétiche tombe dans leur escarcelle en début de 2e journée. Non, Spielman n'a pas joué les briseurs de rêves et a préféré jouer la carte de la patience. Et ça a plutôt bien marché. Comme quoi, les Vikings sont capables de revenir gagnants de Chicago. Parfois.
Cette année, le mot d'ordre était clair : D-FENCE ! Car cette draft n'a pas seulement été l'occasion de rappeler à toute la ligue que Ricky avait le nez creux, elle a aussi permis de montrer que le GM collaborait étroitement avec Mike Zimmer. Disons les choses clairement : les trois premiers choix puent le génie défensif qui fait office de head coach des Violets. Un cornerback grand et rapide encore perfectible techniquement et souvent trop physique, du pain béni pour Micky, reconnu comme l'un des meilleurs formateurs de corner ; un middle linebacker prêt à l'emploi, titulaire instantané entre Anthony Barr et Chad Greenway ; et un monstre physique avec un prénom de fille qui a encore beaucoup à apprendre pour maîtriser toutes les ficelles de son poste, mais qui possède des qualités athlétiques hors norme, un projet, comme un certain Barr. De quoi donner à Mike Zimmer l'occasion de faire étalage de ses talents de pédagogue et de développeur.
Jeudi + Vendredi = Défense
Trae Waynes, CB, Michigan State Spartans
Les médias US nous avaient fait miroiter un premier tour plein de rebondissements, de trades up, de trades down, de trades tout court. Il n'en fut rien. Bien au contraire même. Rarement un premier tour aura été aussi prévisible et presque ennuyeux. Prévisible comme le premier choix des Vikings. Brandon Scherff envolé du côté de la capitale fédérale, deux options s'imposaient : un trade down ou le meilleur cornerback de la cuvée 2015 selon la majorité des observateurs. Lorsque son head coach s'appelle Mike Zimmer, véritable sorcier capable de redonner vie à un secondary à l'agonie et que l'on évolue dans l'une des divisions les plus aériennes de la ligue, l'équation est simple. J'étais sceptique sur le choix de Rhodes il y a deux ans, trop rugueux, trop souvent pénalisé. Ses performances m'ont donné tort. J'en suis ravi. Et cette année, j'ai décidé de faire confiance au tandem Zimmer-Spielman.
"Coach Zim est un gourou des cornerbacks [...] J'ai vraiment hâte de voir quel genre de joueur il peut faire de moi, et j'espère pouvoir avoir un impact sur cette défense." - Trae Waynes
Trae Waynes, c'est un savant mélange de taille (1.83m) et de vitesse (4.31 à Indy !!). En 27 titularisations avec les Spartans il n'a pas vraiment affolé les compteurs, amassant 13 passes détournées, 6 interceptions et 6 plaquages pour perte. Mais au poste de CB, c'est souvent du côté des stats des passeurs adverses qu'il faut se tourner. Et à ce petit jeu, Waynes' World n'est pas en reste : en 2014, il n'a concédé qu'un seul minuscule touchdown dans les airs. De quoi lui offrir une place unanime de titulaire dans l'équipe type de la Big-Ten. S'il ne possède pas une immense marge de progression et risque de régulièrement voir les mouchoirs jaunes voler autour de lui durant sa première saison à cause d'un marquage souvent trop agressif, il est le cornerback le plus NFL-ready de cette draft et est un plaqueur sûr à défaut de toujours être irréprochable. Comme son nouveau binôme, Xavier Rhodes, il excelle en press-man coverage. Avec son 1-2 punch sur les ailes, la défense des Vikings est prête à en découdre avec Jordy Nelson, Megatron, Alshon Jeffery & Kevin White. La paire Antoine Winfield-Cedric Griffin était brillante, le duo Xavier "Closed" Rhodes-"Waynes' World" pourrait être génial.
Génial, comme le 2e tour des Vikings. Le genre de choix que l'on fait les yeux fermés. Un no-brainer. Quand on doit combler un trou béant au cœur de sa ligne de linebackers et que le meilleur ILB de la draft est encore là quand vient son tour en milieu de 2e tour, c'est ce qu'on appelle un miracle. De quoi filer à l'église la plus proche pour y brûler tous les cierges. Comme son frangin, Mychal, Eric est une machine à plaquer. Inépuisable. Insatiable. À tel point qu'il a quitté UCLA en janvier avec le record de plaquages de l'histoire de la fac et le Butkus Award (récompense remise au meilleur linebacker NCAA) sous le bras.
"Je sais qu'il va faire des merveilles avec cette équipe." - Anthony Barr à propos d'Eric Kendricks
4.61 sur 40 yards. 32 au Wonderlic. 96.5 cm de détente verticale. 3m15 à l'horizontale. Kendricks en a dans la tête et dans les jambes. Féroce contre le jeu au sol, il possède, comme son frère, des qualités de couverture au-dessus la moyenne pour un linebacker. Un profil à la Sean Lee, les blessures en moins. Kendricks a tout de la valeur sûre. Loin du soleil de la Cité des anges, il retrouve son ancien compère Anthony Barr du côté de Minny. Une association qu'on a hâte de voir à l’œuvre. Et ça tombe bien, lui aussi.
"Je ne pourrais pas être plus fier et heureux de faire partie de cette organisation – tout particulièrement parce que je trouve l'un des mes meilleurs amis et mon ancien camarade de chambre, Anthony Barr. C'est un rêve éveillé. J'ai hâte de jouer." - Eric Kendricks
Danielle Hunter, DE, LSU Tigers
Si les deux premiers sont des joueurs accomplis, le choix de 3e tour des Vikings ressemble davantage à un projet. Ces fameux joueurs au potentiel long comme le bras, mais qui doivent encore tout apprendre. Ou presque. Et en parlant de bras, ceux de Hunter sont interminables (près de 87 centimètres !). Du haut de son mètre 95, il a éclaboussé le Combine de ses talents d'athlète : 4.57 au 40-yards dash, 3m30 de détente horizontale et près de 92 cm de détente verticale. Pas mal pour un beau bébé de presque 115 kilos.
Hunter, un nom et un physique qui le prédestinaient à devenir chasseur de quarterbacks. Et pourtant, du côté de la Death Valley louisianaise, il n'a pas vraiment collectionné les sacks. En 23 titularisations, il s'est contenté de 4.5 maigres sacks, 21 plaquages pour perte et deux fumbles forcés, souvent englué dans des blocks dont il ne sait se défaire. Faute de technique. Pas de quoi lui permettre de figurer ne serait-ce que dans les mentions de l'équipe type de la SEC en 2014. Mais suffisant pour le convaincre de se présenter à la draft. Suffisant aussi pour être sélectonné en fin de 3e tour, après que les Vikings aient glissé de 10 rangs. Un petit reach ? Peut-être bien. Sa technique est sommaire, son arsenal pour déjouer les bloqueurs archaïque, son premier pas lent et souvent en retard. Il devra apprendre à utiliser ses longs bras et ses mains davantage que sa force brute pour franchir la ligne. À seulement 21 ans, il est un boom-or-bust en puissance. Si Mike Zimmer n'arrive pas à le dompter pour en faire un pass rusher redoutable, ou tout au moins efficace, personne n'y parviendra.
Samedi, opération blindage
Après avoir comblé des besoins lors des deux premiers jours, les Violets ont ajouté de la profondeur et fait quelques bonnes affaires. En tout cas sur le papier. À commencer par T.J. Clemmings, tombé jusqu'au 4e tour à cause de pépins au pied. Une chute qui pourrait s'avérer providentielle pour des Vikings qui ont flairé le bon coup et vu là l'occasion de mettre la pression sur Matt Kalil. Si l'option sur la 5e année du contrat de rookie de l'ancien 3e choix général en 2012 a été levée, au même titre que celle d'Harrison Smith, il devra sérieusement rehausser son niveau de jeu s'il ne veut pas prendre la porte à l'issue de la saison. Quand il n'est pas blessé, Clemmings, defensive end reconverti en right tackle, est un mastodonte ultra mobile, capable d'évoluer côté aveugle et avec le potentiel pour devenir pro bowler. Rien que ça ! Il pourrait devenir LE steal de cette draft.
Toujours en attaque, les deux choix suivants pourraient se muer en joueurs-gadgets, capables de faire plus d'une chose. Le tight end MyCole Pruitt, une version 2.0 du très remuant Charles Clay, pourrait être utilisé comme fullback. Bloqueur fiable, il est également un receveur doué. Même dans la faible Missouri Valley Conference (FCS), on ne capte pas 211 passes pour 2601 yards et 25 touchdowns par hasard. Il devra se faire une place au milieu de Kyle Rudolph, Rhett Ellison, Brandon Bostick et Chase Ford. Sa polyvalence devrait l'aider. Drafté trois petits choix plus tard, l'électrisant Stefon Diggs a vu sa prometteuse carrière universitaire ruinée par des blessures et une suspension. Entre temps, il a tout de même trouvé le moyen d'enquiller 2227 yards et 14 touchdowns avec les Maryland Terrapins. Mike Wallace et Charles Johnson vissés sur l'extérieur, il tentera de se faire une place dans la rotation dans le slot, aux côtés de Jarius Wright et Adam Thielen. Sorte de Percy Harvin du pauvre, "ReDIGGulous" pourrait également succéder à Cordarrelle Patterson dans le rôle de retourneur en attendant mieux.
Avec quatre choix et deux tours restants, les Vikings ont joué la carte de la profondeur. Il faut dire que les coups d'éclat sont rares à ce stade de la draft. Le left tackle Tyrus Thompson et son tout petit sack concédé en 2014 pourraient devenir une doublure à gauche, en tant que tackle ou guard, à condition que l'ancien pachyderme soit moins paresseux et perfectionne sa technique encore rudimentaire. B.J. Dubose, un defensive end qui ne sait pas rusher ne devrait pas souvent voir le terrain et devra compter sur ses qualité de run stopper pour avoir du temps de jeu. Right tackle à Alabama, Austin Shepherd, sa bonne technique et son maigre potentiel devraient se reconvertir en guard. Il est peu probable qu'il passe le cut et devra probablement se contenter du practice squad. À l'inverse d'Edmond Robinson, ultime choix des Vikings cette année et qui, s'il passe l'été en salle de muscu pour se renforcer physiquement, pourrait devenir la doublure d'Anthony Barr grâce à ses longs bras, ses mensurations idéales et un panel de mouvements varié.
Note : A
Des titulaires en défense, des playmakers en attaque, quelques steals et de la profondeur sur les lignes. Certains regretteront de ne pas avoir réuni DeVante Parker et Teddy Bridgewater. Pas moi. Certains regretteront d'avoir attendu le 5e tour pour drafter un receveur, un slot receiver qui plus est. Pas moi. Les hommes de Zimmer possèdent une escouade sans noms ronflants, à l'exception de Mike Wallace, mais variée et relativement profonde. Adrian Peterson parti pour rester, la défense était la véritable priorité. Mission accomplie.
Les Vikings ont rempli leur contrat et pourront à nouveau compter en 2015 sur une défense jeune et en plein élan qui pourrait rapidement se hisser parmi les 5 meilleures escouades de la ligue.
Les Vikings ont rempli leur contrat et pourront à nouveau compter en 2015 sur une défense jeune et en plein élan qui pourrait rapidement se hisser parmi les 5 meilleures escouades de la ligue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire