Minnesota Vikings vs Tampa Bay Buccaneers (17-36)
Sabordage en règle
Photo credits : Minnesota Vikings |
Bis repetita
pour la franchise du Minnesota. Après s'être inclinée face aux
Buccaneers l'an passé, les hommes de Leslie Frazier se sont de nouveau
pris les pieds dans le tapis. Et pas qu'un peu.
Après pareille défaite, difficile de ne pas être extrêmement frustré. Voire même énervé. Tout est allé de travers du côté des Vikings. À quelques exceptions près. Le jeu à la passe a été inexistant, la ligne offensive a subi la domination du pass rush des Bucs et la défense s'est montrée incapable de ralentir l'attaque de Tampa Bay et de forcer le moindre turnover. La faillite est collective. La défaite logique. Ce revers net et sans bavure risque bien de laisser des traces et de signer le retour sur terre des Vikings. Malheureusement...
En jouant en « primetime », les Violets avaient l'occasion de montrer que leur départ canon n'était pas qu'un feu de paille. La confrontation face aux Buccaneers avait tout du test parfait. Face à une équipe équilibrée des deux côtés du ballon, les Vikings allaient pouvoir s'étalonner. Mais ils se sont lamentablement plantés. Manquant leur entame de match et ne parvenant jamais à revenir, ils n'ont pas fait illusion un seul instant. Le constat est sans appel, mais à l'exception des performances, une nouvelle fois remarquables, de Peterson et Harvin, il n'y a rien de positif à retenir de cette rencontre.
À l'issue des trois premières rencontres de la saison, l'attaque des Vikings semblait pouvoir compter sur une arme offensive oubliée depuis l'ère Brett Favre : le jeu à la passe. Mais force est de constater que les illusions n'auront pas fait long feu. Les quatre dernières sorties de Christian Ponder ont été pour le moins décevantes, voire même calamiteuse contre les Cardinals. Et le match de ce soir n'a pas échappé à la règle.
Photo credits : Minnesota Vikings |
Si sur le plan statistique les choses ont été un peu mieux, c'est bien le seul point positif. Et encore, il faut relativiser. La performance de Ponder (19/35, 251 yards, 1 TD et 1 INT), si elle est en net progrès par rapport à dimanche dernier (difficile de faire pire cela dit) n'a pas de quoi faire sauter au plafond. Au moins il aura dépassé les 100 yards. Mais la plupart ont été gagnés sur les deux dernières séries offensives, alors que l'issue de la rencontre était scellée. Même chose pour l'interception, anecdotique. Elle témoigne néanmoins, de l'inquiétante baisse de régime du passeur des Vikings. Le quarterback des Violets n'a complété que trois passes de plus de 10 yards (ESPN Stats & Information) et n'a toujours pas tenté le moindre lancé de plus de 30 yards cette saison.
Mais laissons les chiffres de côté pour s'intéresser aux raisons de la faillite du jeu à la passe. Elles sont relativement simples : la ligne offensive et le corps de receveur.
Harassé par les blitz incessants de la défense des Bucs, la protection de Chrisitan Ponder a pris l'eau. Dominée par le pass rush de Tampa Bay, la bataille des tranchées a rapidement tourné à l'avantage des floridiens. Matt Kalil & Co ont concédé trois sacks à une défense qui n'en avait pas enregistré le moindre lors des trois dernières rencontres. Cette contre-performance n'est pas véritablement une surprise et ne fait que confirmer un tendance entraperçue depuis plusieurs semaines. La ligne des Violets a toutes les peines du monde à contenir les défenses adverses et laisse un minimum de temps à Ponder pour lancer le ballon. Le quarterback passe plus de temps à surveiller ses arrières qu'à balayer le terrain en quête d'une cible avec laquelle se connecter. Chose déjà difficile quand on manque cruellement d'armes offensives.
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C'est sans aucune doute le talon d'Achille de l'attaque des Vikings : à l'exception de Percy Harvin, le passeur des Purple & Gold n'a aucune arme de poids et de valeur à sa disposition. Kyle Rudolph a d'indéniables qualités, notamment dans la end zone, mais est bien trop inconstant; Michael Jenkins et Devin Aromashodu, eux, ne sont rien de plus que des troisième et quatrième options. Quant à Jerome Simpson, il était sensé apporter au corps de receveurs la verticalité dont il avait désespérément besoin, mais le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est loin d'avoir répondu aux attentes. Sa performance de ce jeudi ne risque pas de rassurer. Maladroit, à l'image de son fumble, « dropant » des passes faciles et manquant de coordination avec son quarterback, l'ancien receveur des Bengals n'a pas eu l'impact attendu. Et pourtant, par moment ce soir, il a laissé entrapercevoir l'étendue de ses qualités, utilisant sa taille et ses remarquables qualités athlétiques pour prendre le dessus sur les cornerbacks de Tampa. De quoi accentuer davantage encore la frustration des fans de la franchise. Tout est une question de constance, une fois de plus, et Simpson en manque cruellement.
N'oublions pas la responsabilité première de Chrisitan Ponder dans la déconfiture du jeu à la passe. Si le passeur des Vikings n'est pas mis dans les meilleures conditions, cela n'excuse en rien son incapacité à se connecter avec ses receveurs, son manque de coordination, ses passes dans les pieds (comme celle à destination de Percy Harvin sur une screen pass ce soir), sa maladresse croissante en mouvement en dehors de la poche et ses trop nombreuses mauvaises décisions. La meilleure façon de retrouver la confiance c'est de jouer simple : sur des passes rapides et courtes dans le slot ou sur l'extérieur, de chercher les receveurs les plus proches et non de forcer des longues passes au risque de se faire intercepter. Impliquer davantage Peterson dans le jeu à la passe serait probablement une solution, de même qu'utiliser Harvin sur d'autres tracés tels que des quick slants et des drags afin d'exploiter sa vitesse et son explosivité après réception et de créer des décalages en l'alignant face à des linebackers, plus lents.
Le constat est sévère et pourtant, ce soir, Ponder a montré qu'il avait un bras précis et puissant, à l'image de sa passe victorieuse à destination de Percy Harvin , lancée à la perfection par dessus l'épaule extérieure, suffisamment loin du défenseur. De quoi espérer. Et ce n'est pas la seule passe de qualité de l'ancien quarterback de Florida State, mais par crainte de se faire intercepter, celui-ci multiplie les passes vers les lignes de touche et abandonne littéralement le milieu et le fond du terrain. Résultat : de nombreuses passes de qualité mais qui finissent leur course en dehors des limites et une attaque qui peine à avancer.
À noter que le rookie kicker Blair Walsh a poursuivi sur la lancée de son excellent début de saison en réalisant un nouveau sans faute, convertissant notamment une tentative de 51 yards. Bien maigre consolation.
Percy et AP à l'abordage
Photo credits : Minnesota Vikings |
L'attaque des Vikings se résume à deux noms : Percy et AP. Seules véritables armes offensives de l'escouade de Bill Musgrave, ils ont fait étalage de tout leur talent ce soir.
Sollicité à 12 reprises, Percy Harvin (7 réceptions, 90 yards et 1 TD) a une nouvelle fois fait preuve de fiabilité, de versatilité et d'explosivité. D'abord sur une screen pass de 32 yards parfaitement exécutée par Michael Jenkins et Matt Kalil, puis sur une passe de 18 yards millimétrée de Christian Ponder, le joueur gadget des Vikings faisait parler sa vitesse ainsi que son adresse et sa concentration. Il est un véritable poison pour les défenses adverses, aussi bien sur les passes longues que près de la ligne de « scrimmage ». Avec 60 réceptions, 667 yards et 3 TDs Percy « No Mercy » Harvin se place parmis les meilleurs receveurs de la ligue et se révèle absolument indispensable à l'attaque des Vikings. À ce titre, on aimerait le voir moins souvent sur le bord du terrain lorsque les Vikings sont en attaque.
Véritable symbole de la franchise du Minnesota depuis son arrivée dans la NFL en 2007, Adrian Peterson (15 courses, 123 yards et 1 TD) ne cesse d'impressionner depuis son retour de blessure. Quoique toujours limité en nombre de portés, l'ancien coureur des Sooners a signé sa troisième performance de plus de 100 yards en autant de rencontres et se place dans le top 5 des running backs. Toujours aussi performant au milieu de la défense, entre les defensive tackles, avec 126 yards engrangés, contre -3 yards à l'extérieur des tackles (ESPN Stats & Information), le porteur de ballon des Violets a multiplié les courses de plus de 10 yards. AP a gagné 94.6% de ses yards entre les tackles cette saison, un véritable changement par rapport à ses premières années. Point d'orgue de son match : cette course pleine de puissance et de vitesse où Peterson franchissait la ligne des Bucs puis battait le safety pour finalement rejoindre la end zone au terme d'une échappée de 64 yards. Avec une moyenne de 8.2 yards par porté, on ne peut que regretter que le coureur des Vikings ne touche pas davantage le ballon. Seule ombre au tableau, un fumble perdu, le premier depuis le 28 décembre 2010, sur lequel l'attaque des Bucs capitalisait et ajoutait sept points. Si la ligne offensive a été particulièrement friable dans la protection de Christian Ponder, elle s'est montrée précieuse dans la mise en place du jeu au sol et n'est pas totalement étrangère au renouveau d'Adrian Peterson. Même chose pour le fullback Jerome Felton.
Peterson avait tenu l'attaque de Bill Musgrave à bouts de bras dimanche dernier et mené les Vikings à la victoire grâce à une défense tout simplement inarrêtable. Mais ce jeudi soir, Harrison Smith & Co n'étaient pas dans le coup et ont pris l'eau de toute part.
La défense coule
Véritable moteur du début de saison canon des Vikings, l'escouade défensive a explosé en vol. Dans le sillage des "performances" de ces dernières semaines, la défense est incapable de stopper le jeu au sol. Après LaRod Stephens-Howling la semaine passée, c'est le compact, agile et explosif rookie Doug Martin qui a fait tourner la tête des défenseurs violets. Avec pas moins de 214 yards gagnés au sol et à la passe, l'ancien coureur de Boise State s'est joué des coéquipiers d'un Harrison Smith (13 plaquages) toujours aussi incisif. Les 36 points concédés au tableau d'affichage suffisent à illustrer la contre-performance de la défense.
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Malgré un Metrodome en fusion, le pass rush des Vikings a du se contenter d'un seul sack de l'inévitable Jared Allen (son septième de la saison), particulièrement remonté après un accrochage avec le lineman offensif Donald Penn. Perçant la ligne des Buccaneers et parvenant à mettre la pression sur Josh Freeman à plusieurs reprises le « front 4 » des Violets a souvent manqué le sack de peu. De quoi faire monter la frustration. D'autant que pendant que la ligne défensive se débattait en vain pour mettre le quaterback à terre, celui-ci distribuait les passes pour ses receveurs, malgré un Brian Robison aux faux airs de J. J. Watt ce soir, avec ses trois passes détournées.
Quand ce n'était pas Doug Martin qui donnait du fil à retordre à l'escouade défensive, c'est Mike Williams qui faisait parler son habileté près des lignes extérieures et dégoûtait un secondary décidément dépassé ce soir. Antoine Winfield & Co ont concédé 262 yards et 3 touchdowns à Josh Freeman et ont été incapables de forcer le moindre changement de possession. Et c'est probablement là la clé du match. Alors que la défense des Bucs provoquait deux turnovers et permettait à l'attaque d'ajouter 10 points supplémentaires, les Vikings ne parvenaient pas à s'emparer du cuir et multipliaient les ratés : sur un ballon échappé par Roscoe Parrish sur un retour de punt ou bien sur une passe lancée dans les bras de Brian Robison. Et comme si cela ne suffisait pas, Chris Cook se fracturait le poignet en fin de première mi-temps et devrait être absent des terrains plusieurs semaines.
Après avoir fait la force de la franchise au cours des derniers matchs, la défense a manqué de souffle et plié sous les coups de boutoir de Doug Martin et Josh Freeman. L'escouade défensive n'a pas trouvé la solution. Elle devra se reprendre la semaine prochaine, notamment au sol, si elle ne veut pas subir la loi de Marshawn Lynch.
Retour sur terre?
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Ce revers face aux Buccaneers signe la fin de l'invincibilité à domicile. Elle n'aura duré que trois matchs. Les Vikings on une nouvelle fois démontré que la position de chasseur ne leur sied guère. Redoutables lorsqu'ils prennent le score et font la course en tête, les hommes de Leslie Frazier on failli à chaque fois qu'ils se sont retrouvés menés. L'absence d'un jeu à la passe performant explique en grande partie cette incapacité à revenir de derrière.
La défaite de ce soir a mis en exergue toutes les lacunes (déjà connues) de l'équipe : son jeu à la passe inefficace et inconstant, son absence de véritable menace verticale, sa ligne offensive poreuse à la passe, son incapacité à défendre le jeu au sol et son play calling trop restrictif en attaque. À l'issue de cette rencontre, la liste des questions sans réponse et des doutes s'est rallongée tandis que celle des certitudes et des satisfactions a sérieusement diminué. La défense, qui avait surpris et rassuré, a failli. Tout simplement. Seuls AP et Percy ont répondu à l'appel. Des efforts bien insuffisants.
Ce revers pourrait marquer un réel coup d'arrêt s'il n'est pas suivi d'une réaction dès la semaine prochaine au Century Link Field de Seattle. Face à une franchise dotée d'un jeu au sol surpuissant, d'un des meilleurs, si ce n'est le meilleur, secondary de la ligue et d'un pass rush redoutable mené par Chris Clemons et Bruce Irvin, Ponder & Co devront rectifier le tir et réduire le nombre d'erreurs au minimum. En l'absence d'un jeu à la passe consistant le salut devrait passer par Peterson, une fois de plus.
Une défaite à Seattle signifierait probablement un retour sur terre et la fin des illusions pour les Vikings (5-3). À eux de prouver qu'ils ont encore un rôle à jouer dans cette saison.
Skol Vikings!
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